1. d’un printemps à un automne
    et d’un hiver à un autre printemps ...

    Le
    Printemps des Poètes 2015 nous enjoignait d’"arracher la joie aux jours qui filent»...

    Pas facile ces temps ci, mais il faut malgré tout continuer à l’arracher aux jours qui filent, la joie, la tirer de sous les décombres, même couverte de sang et de poussière.

    L’arracher pour les noyés oubliés de Méditerranée, pour les exécutés de janvier et pour ceux de ce triste vendredi de novembre, crève-coeur de plus sur la planète.
    Parce que les victimes d’ici et d’ailleurs la portaient ou la voulaient, cette joie de vivre, il nous appartient de la reprendre comme un flambeau et de tout faire pour la transmettre aux nôtres et aux autres.
    Contribuons à construire un avenir commun de connaissance, de compréhension et de tolérance sur la Terre. Je m’enflamme peut-être, mais l’utopie est un horizon nécessaire.

    Notre résistance aujourd’hui, si elle ne peut prendre les armes contre la barbarie, peut et doit prendre la parole, la musique et les actes, et faire de chaque jour qui file, coûte que coûte, un rempart à l’obscurantisme. Pour l’humanité, simplement.
    Je compte sur nous.


  2. © antoine bial - décembre 2015 ...

< c’était en janvier 2015


  1. Paris 1983 *


  2. Je marche

  3. de jour comme de nuit

  4. dans Paris

  5. depuis si longtemps déjà

  6. que je me demande

  7. qui habite l'autre

  8. toujours ému de savoir

  9. qu'un poète nommé Villon

  10. l'a fait avant moi

  11. qu'un libérateur comme Bolivar

  12. y a séjourné en dandy

  13. que mon jeune voisin Jean de la rue Masson

  14. a fêté son vingtième anniversaire jusqu'à l'aube

  15. dans un bistro situé en face

  16. d'une petite place faiblement éclairée.

  17. J'aime savoir qu'il existe une ville

  18. où les femmes aiment marcher de nuit

  19. sans s'inquiéter des ombres et aussi parce qu'on y

  20. trouve une station de métro avant la fatigue.

  21. J'aime flâner dans une ville où les quartiers contrastés

  22. fleurissent au bout de nos rêves.

  23. J'aime m'arrêter à la terrasse des cafés pour

  24. observer le ballet des serveurs.

  25. J'aime écouter dans le métro les conversations

  26. des jeunes filles qui racontent la soirée d'avant.

  27. J'aime voir les jambes nues tout le long de l'été.

  28. Cet art de vivre qu'aucune autre ville ne connaît

  29. mieux que Paris.

  30. Et que personne n'a mieux chanté que Villon et Aragon

  31. ou cette jeune fille croisée boulevard Richard-Lenoir

  32. qui s'est exclamée: «Je me suis cassé le talon mais je m'en

  33. fous si c'est à Paris.»

  34. Me voilà dans cette baignoire à lire, cette fois,

  35. Paris est une fête d'Hemingway

  36. tout en me disant qu'elle le sera toujours quoi qu'il arrive.


  37. Dany Laferrière
    Montréal, 16 novembre 2015
    *
    dans ce poème, Dany Laferrière se souvient de ses premiers pas dans Paris, en 1983


  38. source : http://www.lefigaro.fr/livres/2015/11/20/03005-20151120ARTFIG00142-attentats-de-paris-le-poeme-emouvant-de-dany-laferriere.php


  1. pourquoi je n’adresse plus
    de vœux de nouvel an

    On nous avait promis
    deux mille huit'res
    et puis deux mille n'œufs :
    rien que des coquilles vides

    on nous a annoncé
    deux mille disq's

  2. toujours la même chanson

  3. ensuite onz’ai fait aucune illusion

  4. douze a été brutale

  5. et treiz’en deçà de nos espérances

  6. j’ai eu beau chercher
    quatorze et quinze n’ont rimé à rien


  7. Pourquoi voudriez-vous demain
    que seize cette sale série ?


  1. << L’an 01 - Gébé  -  éditions du Square, 1972  -  La BD l’an 01 est parue initialement au début des années 70 dans Politique-Hebdo, Charlie-mensuel et Charlie-Hebdo.
    «Elle narre un abandon utopique, consensuel et festif de l'économie de marché et du productivisme»
    >>>
    https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27An_01_(bande_dessinée)

novembre 2015

< il faudra apprendre à ne pas faire avec ...

dessin de Willem (dessinateur survivant de Charlie-Hebdo), dans Libération du 16 février 2015

Printemps des Poètes 2016
Le Grand Vingtième << (infos ici)


plus de mise en ligne pour les éditions
du  Printemps des Poètes 2016, 2017 et celles qui suivront
mais les pages des années précédentes restent accessibles sur le site
(voir plus bas)
PR_POETES_2016.htmlPR_POETES_2016.htmlshapeimage_8_link_0shapeimage_8_link_1


  1. l’an 01 imaginé par Gébé

homonymies (ou presque)
du bonheur


la vache :

le bonheur est dans le pré


la banque :

le bonheur est dans le prêt


toi et moi :

le bonheur est dans le près *


* tout près

© AB

le bonheur sinon rien

Lettre à une bipède


J'aimerais que ça vous épate,

en déchiffrant ce charabia,

d'y reconnaître un peu ma patte ;

j’écris encore comme un chat …


Je suis tombé de la gouttière

fasciné par votre regard,

vous, la féline singulière,

moi, le petit chat de hasard.


J’aurais pu me rompre le cou,

mais vous m’avez ouvert les bras ;

c’est mon souvenir le plus doux,

notre histoire a commencé là.


Pour cet amour contre-nature,

La loi a fait une exception :

dans votre vie sans aventure,

je suis entré par affection.


Le temps trop court de nous apprendre

à ronronner des mots d’amour ;

le temps trop long à vous attendre,

à la fenêtre … et puis, ce jour …


La musique de votre pas,

celle que je connais par cœur,

vous l’avez jouée ce jour-là

accompagnée par un voleur ;


Un chat trop grand sur ses deux pieds

qui vous avait tapé dans l'œil

avec son langage châtié …

Il s'est assis dans mon fauteuil.


Contre l'amour y a rien à faire,

le cœur ignore la raison ;

j'ai repris ma vie de gouttière

sur le toit de votre maison …


Pour vous c'est de l'histoire ancienne,

Pour moi le temps ne passe pas :

depuis vingt ans, je suis en peine,

vingt ans c’est une vie de chat ...


J'en ai égratigné des pages,

usé mes griffes sur les toits,

Interminable apprentissage

pour un vieux matou comme moi.


Au souvenir de vos caresses,

le vertige me prend parfois,

j'ai peur par simple maladresse,

de retomber entre vos bras.


Je prends ce risque, je m'avance,

au bord du toit, je vais laisser

glisser ma lettre, et si par chance

elle vous touche ...... répondez.


Dites-moi si ça vous épate,

en déchiffrant ce charabia,

d'y reconnaître un peu ma patte ;

j’écris encore comme un chat …


© AB

un texte griffé sur le site

Hiver. L'arbre se retourne.

Au ciel ses racines

Et dans le sol son feuillage.


Marc-Adolphe Guégan

  1. Petit printemps fantasque,

  2. Qui lance avec humeur

  3. De violentes bourrasques

  4. Sur les arbres en fleur ...

  5. Albert Atzenwiler

Une saison en poésie
clic pour les textes sur
LE PRINTEMPSsaison_printemps_1.htmlsaison_printemps_1.htmlshapeimage_12_link_0
Une saison en poésie
clic pour les textes sur
L’ÉTÉsaison_ete_niveau_1.htmlsaison_ete_niveau_1.htmlshapeimage_13_link_0
  1. Pas un nuage, pas un souffle, rien qui plisse

  2. Ou ride cet azur implacablement lisse

  3. Où le silence bout dans l'immobilité. ...
    Paul Verlaine

Une saison en poésie
clic pour les textes sur
L’AUTOMNEsaison_automne.htmlsaison_automne.htmlshapeimage_14_link_0

Feuille rousse, feuille folle

Tourne, tourne, tourne et vole !

Tu voltiges au vent léger

Comme un oiseau apeuré.

Luce Fillol

liens vers les
POÉSIES des SAISONS
SAISONS_en_POESIE.html

pour les nostalgiques, LIEN vers le PRINTEMPS DES POÈTES 2014 -  au CŒUR des artsPP_2014_Au_cur_des_arts.html

expo lieucommun sur le thème du Printemps des Poètes 2014  panoramique de la salle n°1

drame de cœur


un tableau de l’exposition lieucommun qu'un visiteur quelque peu éméché a confondu avec la Joconde de Léonard.
C'est vrai qu'elle a quelque chose ...

NB. le modérateur du site désapprouve cette comparaison désobligeante et blasphématoire, la dame de cœur étant comme chacun sait, la muse (hélas intouchable) du poète.


affiches du PRINTEMPS DES POÈTES à Mantes-la-Ville (78) pour l’exposition des travaux des élèves - 2006 à 2010
conception des affiches ci-dessous : AB


affiches officielles du PRINTEMPS DES POÈTES de 1999 à aujourd’hui

 

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

2003

2004

2005

2006

2002

lieucommun  a mis des textes en ligne de 2007 à 2015
CLIC vers le site ou vers le blog dans la liste plus bas :

Une saison en poésie
clic pour les textes sur
L’HIVERsaison_hiver_1.htmlsaison_hiver_1.htmlshapeimage_18_link_0
liens

pages du site ou du BLOG

(clic vers les pages)


TEXTES DE L’AUTEUR :

  1. ANTOINE BIAL  > sommaire et liens vers les textes


PRINTEMPS des POÈTES  :

  1. PRINT POÈTES 2015 INSURRECTION POÉTIQUE

  2. PRINT POÈTES 2014 AU CŒUR DES ARTS

  3. PRINT POÈTES 2013 VOIX DU POÈME en français

  4. PRINT POÈTES 2013 VOIX DU POÈME traductions

  5. PRINT POÈTES 2012 L'ENFANCE en français

  6. PRINT POÈTES 2012 L'ENFANCE traductions

  7. PRINT POÈTES 2011 D'INFINIS PAYSAGES en français

  8. PRINT POÈTES 2011 D'INFINIS PAYSAGES traductions

  9. PRINT POÈTES 2011 poètes d'Outre-Mer

  10. PRINT POÈTES 2010 Couleur femme

  11. PRINT POÈTES 2009 HUMOUR - CRÉATION POÉTIQUE

  12. PRINT POÈTES 2008 ÉLOGE DE L'AUTRE en français

  13. PRINT POÈTES 2008 ÉLOGE DE L'AUTRE traductions

  14. PRINT POÈTES 2007 LETTERA AMOROSA


POÉSIES - RESSOURCES - CRÉATION :

  1. POÉSIES POUR LA CLASSE par niveau

  2. CRÉATION POÉTIQUE (PRINT POÈTES 2009 HUMOUR )


POÉSIES pour la classe par THÈME :

  1. POÉSIES RENTRÉE, ÉCOLE

  2. POÉSIES par thème : LES SAISONS

  3. POÉSIESFÊTES, CALENDRIER, NOUVEL AN, NOËL ...

  4. POÉSIES sur LA SEINE - GS-primaire

  5. POÉSIES sur LA SEINE - collège lycée

  6. POÉSIES par thème : LES SAISONS

  7. CHANSONS pour la classe (PP14)


BIOGRAPHIE et TEXTES par AUTEUR :

  1. Luc BÉRIMONT

  2. Michel BUTOR

  3. René DEPESTRE (milieu de page)

  4. Boris VIAN

  5. GUILLEVIC

  6. MAX JACOB

  7. Henri MICHAUX

  8. Jacques PRÉVERT

  9. Jean TARDIEU

  10. Bernard DIMEY

  11. Andrée CHEDID

  12. Gaston COUTÉ et Jehan RICTUS

  13. André VELTER (bas de page)

  14. Kenneth WHITE

  15. Paul VINCENSINI

 
PP 2016
Le Grand Vingtième << (infos ici)


pas de mise en ligne mais ... les pages
des Printemps des Poètes précédents
restent accessibles 
PR_POETES_2016.htmlPR_POETES_2016.htmlshapeimage_21_link_0shapeimage_21_link_1

2016

1999

2001

2000

Portrait dégoûtant


Il avait mauvaise mine

une langue de vipère

un nez de fouine

des oreilles de cocker ...

la suite ici :

les bêtes à bial

<< Un mur à Séville (Espagne), en septembre 2008 :
décrépitude naturelle 
(photo lieucommun sans retouche)


  1. Le dernier mot


  2. Autoniver et printété

  3. C'est le bicycle des saisons

  4. Oubliant toute gravité

  5. La Terre ne tourne plus rond.


  6. Les mots se percutent, s'encastrent

  7. Au sens propre défigurés

  8. Incommunicable désastre

  9. Du langage dénaturé.


  10. On économme l'écriture

  11. On réductionne le dico

  12. On taille, on jette aux dépodures

  13. Les lettres usagées des vieux mots


  14. Et nous passagers sages sages

  15. Passifs dans nos canapéros

  16. Irrésistants à l'élangage

  17. Fini de se payer de mots


  18. Ouvrons les yeux fermons la porte

  19. Aux colporteurs du baragouin

  20. Qu’il reste à jamais lettre morte

  21. Donnons pas notre langue aux chiens


  22. Il faut l’écrire en toutes lettres

  23. et appeler un mot un mot

  24. Prenons les au pied de la lettre

  25. Ils n'auront pas le dernier mot.

© AB



Le dernier poème *
(à ma muse, qui ne le lira pas)

Ma muse ne s’amuse pas des jeux de mots,
pour prendre un vers, elle tourne pas autour du pot,
les calembours alambiqués la déconcertent,
et je trafique le lexique en pure perte.

Elle se méfie des vers à pied, beaucoup trop fins
qu’on croit tenir mais qui souvent tombent des mains,
elle n’aime pas compter pour rien, et ça l’agace
de vérifier que chaque pied est à sa place.

Monde à l’envers, parfois ma muse me taquine,
quand je suis fatigué, que j’ai mauvaise mine
je dois lui tendre malgré tout un bout de texte
« C’est un peu court, tu peux faire mieux »… et ça me vexe.

Pour la garder j'ai dû renoncer à la rime,
adieu métrique si faiblarde, adieu la frime,
cachez vos paires d’hémistiches, alexandrins,
ce coup classique ne prend plus dans mes quatrains.

J’ai entrepris de lui servir quelques vers libres
mal inspirés, tous en parfait déséquilibre,
ils tombent à plat, alors que dois-je faire si
l’art poétique est le cadet de ses soucis ?

Je mets un point final à ce dernier poème,
Il faut savoir se séparer de ce qu’on aime,
déjà ma plume entame une métamorphose,
je vais tenter de lui faire voir la vie en prose.

© AB

      Cette planète est notre lieu commun

   contacter l'auteur : bialantoine@gmail.com

  1. Provence

  2. Coquelicots sur le réel, exactement

Avertissement au visiteur

Ce site présente essentiellement de nombreux liens vers les catégories poétiques de poètes reconnus.
Ce n’est que par nombrilisme assumé que les textes signés Antoine Bial (AB)
occupent un espace démesuré sur cette page d’accueil.                                                 © antoine bial

”La courbe de tes yeux

fait le tour de mon cœur”

Paul Éluard (Capitale de la douleur)


La courbe de tes yeux (chanson à LB, 1976-1979)


1. La courbe de tes yeux
c’est le chemin de ronde
où j’avance pieds nus
c’est ma ligne de vie
pour affronter le monde
cette terre inconnue


2. La courbe de tes yeux

c’est l’équation secrète

sur l’infini ouvert
la singularité

initiale peut-être

de mon seul univers


3. La courbe de tes yeux

dessine dans l’espace

une autre dimension
et la réalité

s’y consume et s’y glace

à perdre la raison


4. La courbe de tes yeux

je l’ai tant parcourue

des yeux comme du cœur
j’ai la douce illusion

d’en avoir retenu

une idée du bonheur


5. La courbe de tes yeux

j’aurais aimé lui dire

si j’avais eu les mots

ces lignes qu’à présent

je parviens à écrire

mais qui n’ont pas d’écho


6. La courbe de tes yeux

je l’ai un jour perdue 

au jeu du tout ou rien

et puis j’ai abordé

dans le temps suspendu

un horizon plus loin


7. La courbe de tes yeux

c’est la bulle où se cache

l’homme que j’ai été
et qui cherche aujourd’hui

aux formes des nuages

cet ovale parfait


...
8. La courbe de tes yeux
c’est le chemin de ronde
où j’avance pieds nus
c’est ma ligne de vie
pour affronter le monde
cette terre inconnue


© AB

Écran total

À peine moi le dos tourné

vous disparaître,

et moi comment raison garder

vous raison d’être.


Vous pas comprendre la question

moi pas si bête

en moi trouvé la solution

vous dans la tête.


Vous m’oublier chercher plus loin

un autre asile

de vous moi n’avoir plus besoin

c’est inutile.


Vous avoir beau me menacer

me mettre en garde

moi en mémoire protégée

vous sauvegarde.


Vous dans votre réalité

croire peut-être

que de moi vous être effacée

mal me connaître.


Dans mon cinéma permanent

comme un poète

sur le réel exactement

je vous projette.

© AB

Le 8 mars 2023 était et le 8 mars 2024 sera la «Journée internationale des droits des femmes».
Mais leur combat, qui devrait être aussi celui des hommes, se manifeste depuis longtemps dans la rue.

Ce texte date du printemps des poètes 2010 ("Couleur femme").

Solidaire avec la manif et les grèves de mardi (en 2013, affiche) contre le projet de retraite et pour l'égalité, j'accorde tout au féminin, même le langage des métiers.

«Aimons-nous vivants» a écrit Paul Fort.
Cette pseudo chanson ne dit pas le contraire, puisqu’elle se situe
au-delà de ce temps.
C’est une prière païenne, à toute fin utile, la mienne évidemment ...


Dispersez-moi

Vivant je n’étais pas très fin
même un peu lourd, aussi j’espère

pour être supportable enfin
que la fin me change en poussière


Il paraît que j’avais un grain

j’en voudrais une boîte entière

histoire de m’en aller serein
prendre la mort à la légère


En attendant ce jour dernier
puisque je tiens encor’ la plume
permettez-moi de partager 
quelques pensées bientôt posthumes


D’avance je vous remercie
de votre amicale présence
mais ne soyez pas trop surpris
si je brûle par mon absence


Épargnez-moi les flatteries

il est grand temps de reconnaître

que j’ai été toute ma vie

loin de ce que j’ai pu paraître

Je ne me prenais pas pour rien
la mort me remet à ma place
en me renvoyant d’où je viens
elle m’affranchit du temps qui passe



© antoine bial

Le fou de la reine
(chanson pouètpouèt)


J'aime la rime sans raison,

c'est une drogue, un poison,

mais je ne suis pas poète,

j' suis pouètpouèt


Tous les poètes reconnus
sont morts, me voilà prévenu
que personne ne s’inquiète
j' suis pouètpouèt


Je pose mes pieds, sept ou huit
au rythme de la musique
qui me passe par la tête

j' suis pouètpouèt

Mes vers ne savent pas nager

dans les grands fonds, pas de danger,

là où j'ai pieds je fais trempette,

j' suis pouètpouèt


Je les cantonne à la surface
sans faire de vagues je trace
mes petits plans sur la comète
j' suis pouètpouèt


Touche à tout et touche à rien,

c’est vrai que ça sonne bien

je revendique l'étiquette,

j' suis pouètpouèt


En ballade à cloche-pieds

au royaume de papier,

je fais tinter mes sornettes,

j' suis pouètpouèt


Muse, reine des sujets,

vous êtes l’unique objet

de mes modestes bluettes,

j' suis pouètpouèt


Le fou du roi est un fou,
qui passe à côté de vous,
sans même tourner la tête,
j' suis pouètpouèt

Le fou du roi, je m'en fous
puisque je suis fou de vous,
je le claironne à tue-tête,
j' suis pouètpouèt

C’est pour lèse-majesté
que sans forme de procès 
vos gardes du corps m’arrêtent
j' suis pouètpouèt

On me conduit au gibet
pour me faire exécuter
une ultime pirouette,
j' suis pouètpouèt

Vous allez être déçue,
je ne serai pas pendu,
j’ai déjà perdu la tête,
j' suis pouètpouèt

Quand vous vous serez lassée
de mes propos insensés,
jetez-moi aux oubliettes,
j' suis pouètpouèt

J'aime la rime sans raison,
c'est une drogue, un poison,
mais je ne suis pas poète,
j' suis pouètpouèt

j' suis pouètpouèt


© AB

Que cette ultime exhibition
soit conviviale et bucolique
peut-être avec cette chanson
si vous en trouvez la musique 

Pas d’oraison je vous en prie

oubliez Dieu dans cette affaire

dispensez-moi du Paradis
l’éternité est un enfer


Et si des signaux de fumée

semblent monter vers les nuages

il n’y a rien à déchiffrer  

ce n’est qu’un rituel de passage


Aucun message à délivrer

juste une païenne prière

ne m’oubliez pas s’il vous plaît
dans l’obscurité de la terre


Vous m’avez connu dispersé

tête en l’air, brouillon de nature

je veux encor’ m’éparpiller

dispersez-moi dans la nature

je veux encor’ m’éparpiller

dispersez-moi dans la nature


dispersez-moi dans la nature

Chanson pour Lampedusa

Refrain :
C’est une île au large de toi
au grand large de ton présent
c’est une belle île pourtant
Lampedusa Lampedusa


1. Il n’y a rien à voir ici

un horizon de sable et d’eau
le ciel est gris, la mer aussi  
silencieuse comme un tombeau

Lampedusa Lampedusa


2. Il n’y a rien à voir ici

pas une vague et pas de vent
pas un nuage pas un cri
de mouette ou de goéland

C’est une île au large de toi
au grand large de ton présent
c’est une belle île pourtant
Lampedusa Lampedusa


3. Ici se brisent et font naufrage

tant de rêves immigrés
jamais n’accèdent au rivage
les espérances noyées


C’est une île au large de toi
au grand large de ton présent
c’est une belle île pourtant
Lampedusa Lampedusa


4. Sur le sable nulle trace

de tes enfants étrangers

ta mémoire les efface

mère Méditerranée

C’est une île au large de toi
au grand large de ton présent
c’est une belle île pourtant
Lampedusa Lampedusa


5. Sur cette plage on se prélasse

on s’expose au soleil d’été
on papillonne à la surface
dans une autre réalité 


Lampedusa Lampedusa

6. Le cœur et les yeux fermés

nous avons perdu je crois

toute notre humanité

au large de Lampedusa

C’est une île au large de toi
au grand large de ton présent
c’est une belle île pourtant
Lampedusa Lampedusa

Lampedusa Lampedusa



© AB

Merci de ne pas exister (chanson)


Venant de vous c’est officiel

et je le crois

c’est écrit dans le bleu du ciel
« en vérité je n’y suis pas »

Juré craché de ciel à terre
à main levée
L’aveu que vous venez de faire

croix de bois croix de fer est vrai

Ce récit on nous l’a tenu

bien trop longtemps
apprendre que le ciel est nu
on s’en doutait un peu pourtant

Et voilà que la messe est dite
mystère levé
il ne pleut pas de l’eau bénite
tant mieux que le ciel soit loué


Pas de paradis paternel

à atteindre

pas non plus d’enfer éternel

où se brûler sans s’éteindre


Malgré nos défauts nos erreurs
on n’ira pas

condamnés et transis de peur

au jugement dans l’au-delà


Moi qui vous priais en silence
et en vain
votre inexistence est ma chance
je peux me reposer enfin


Puisqu’on peut aujourd’hui sur vous
ne pas compter
ma foi Bon Dieu merci pour tout

Merci de ne pas exister



© AB


Ces deux textes ne sont pas sans rapport ...

© antoine bial

Mon jardin à L'Haÿ-les-Roses (chanson)


Dans un jardin de L'Haÿ-les-Roses

où je cultivais mes soucis

un jour s’est ouverte une rose

comme une étoile dans la nuit


Dans ce jardin à L'Haÿ-les-Roses

pour que la rose me sourie

il suffisait que je l’arrose

de trois gouttes de poésie


Au mois de mai à L'Haÿ-les-Roses

j’avais oublié mes soucis

mais il ne restait pour ma rose

que trois gouttes de poésie


Et c’est ainsi qu’à L'Haÿ-les-Roses

s’est épuisée la poésie

alors s’est éteinte ma rose

comme une étoile dans la nuit







Il n’y a plus à L'Haÿ-les-Roses

que des saisons sans poésie

jamais un oiseau ne s’y pose

jamais un printemps n’y fleurit


Mon beau jardin de L'Haÿ-les-Roses

s’est couvert de ronces et d’orties

si peu de temps vivent les roses
un court moment de poésie


Aujourd’hui loin de L'Haÿ-les-Roses
je cultive la nostalgie
et le souvenir d’une rose

parfumera toujours ma vie

Je n’irai plus à L'Haÿ-les-Roses

si vous y passez dites-lui

que je n’ai connu qu’une rose

dans le seul jardin de ma vie



© antoine bial

Andalousie (chanson pour ma mère)


Tu n’avais jamais fait le deuil
de ton Espagne
mer et montagnes
d’Andalousie


J’ai pas grandi près de Jaén
où tu es née
J’ai pas respiré le parfum
des orangers


J’ai pas vécu là-haut dans un
village blanc
j’ai pas cueilli le thym sauvage
et l’origan


J’ai pas chanté les grandes plaines
d’oliviers
j’ai pas de souvenirs qui viennent
me bercer


J’ai pas aimé près de Séville 
ou de Jaén
j’ai pas été le don Rodrigu’
d’une Chimèn’


J’ai pas nagé dans le gitan
Guadalquivir
j’ai pas joué les Don Juan
pour une Elvire


J’ai pas trouvé à la Feria
la foi du Christ
j’ai pas gagné le cœur de la
bell’de Cadix


J’ai pas suivi à genoux le
chemin de Croix

j’ai pas allumé de cierge à
la Giralda



J’ai pas couru les rues perdues
de l’Albaicín
j’ai pas vibré ombre et soleil

pour Dominguín

J’ai pas appris à lire dans
Garcia Lorca
J’ai pas retenu sa romance
à la Luna

J’ai pas dansé les pas frappés
du flamenco

j’ai pas rythmé de castagnett’s
le fandango


J’ai pas renversé le porrón
sous les palmiers
j’ai pas bu le vino tinto
à la volée


J’ai pas hissé la grande voile
à Malaga

j’ai pas rêvé sous les étoil’s 
de la Sierra


Est-ce que j’aurais connu tout ça
si j’étais né
de l’aut’ côté des Pyrénées

je ne sais pas …





© AB

Ballade de l'étrange bipède (chanson)


1.
Tu gravis sans aide
cette pente raide

ta vie à l’envers

étrange bipède

toi qui ne possèdes

que ton cœur ouvert


2.
Tu vises la Lune
si blonde ou si brune
petit prétentieux
c’est l’erreur commune
il y en a plus d’une
en proche banlieue


3.
Quand elle s’éclipse
c’est l’apocalypse
dans ton cœur défait
quand tu la retrouves
alors tu éprouves
le bonheur parfait


4.
C’est ainsi je pense
que tes rêves dansent
depuis des années
tandis qu’elle dort
toi tu cherches encor’
sa face cachée





© AB

5.
Plus rien ne t’inquiète

échecs ou défaites
ne t’arrêtent pas
et tu te refuses
à chercher l’excuse
pour baisser les bras


6.
Si tu suis ta route
d’espoir et de doute
sans fin nuit et jour
c’est que tu redoutes
la douleur que coûte
chaque demi-tour

7.
Et si tu mesures
que cette blessure
ne fermera plus
garde fière allure
dessous ton armure
ni vu ni connu

8.
Ainsi tu persistes

puisque tu existes
à faire le beau
pitoyable artiste
jouant sur la piste
son vieux numéro

9.
On te le concède
y a aucun remède
dans cet univers
quand on ne possède
étrange bipède
que son cœur ouvert