poésies des saisons - printemps 2/2
poésies des saisons - printemps 2/2
poésies de printemps - page 2
suite des textes
PAGE 1 (clic pour y accéder) - A à J
15.Maurice Carême : Mars - Avril - Le printemps reviendra - À la rencontre du printemps - Le muguet
26.Théophile Gautier : Premier sourire du printemps - Au printemps
PAGE 2 (vous y êtes !)
colonne ci-dessous
30.Alphonse de Lamartine : Le moulin au printemps
31.Philéas Lebesgue : Pâquerette
32.Pierre Menanteau : Renouveau
33.Gérard de Nerval : Avril
34.Charles d'Orléans : Le Printemps - Montrez bien, Printemps gracieux - Ballade du premier jour de mai
35.Henri Pourrat : Au royaume du vert
36.Jacques Prévert : Grand bal du printemps
37.Pierre Reverdy : Sur un petit air
38.Raymond Richard : Printemps - Giboulées
39.Pierre de Ronsard : Le printemps
suite colonne de droite >>
40.Jean-Antoine Roucher : Mars
41.Claude Roy : Le Printemps
42.Albert Samain : La dame de printemps
43.Georges Schehadé : Le jardin se chausse de persil
44.René-François Sully Prudhomme : Printemps oublié
45.Émile Verhaeren : Charmant printemps - Le printemps jeune et bénévole
46.Paul Verlaine : Green - Impression de printemps
CHANSONS
47.Jacques Brel : Au printemps
48.Jean Ferrat : Au printemps de quoi rêvais-tu ?
49.Léo Ferré : C'est l'printemps
50.IAM : Revoir un printemps
51.Félix Leclerc : L'hymne au printemps
en attendant leur déménagement sur ce site, vous trouverez les poésies sur le thème du PRINTEMPS à leur ancienne adresse :
30. Alphonse de Lamartine
Le moulin au printemps
Le chaume et la mousse
Verdissent les toits ;
La colombe y glousse,
L'hirondelle y boit ;
Le bras d'un platane
Et le lierre épais
Couvrent la cabane
D'une ombre de paix.
La rosée en pluie
Brille à tout rameau ;
Le rayon essuie
La poussière d'eau ;
Le vent qui secoue
Les vergers flottants,
Fait sur notre joue
Neiger le printemps.
Alphonse de Lamartine
31. Philéas Lebesgue
(1869-1958)
Pâquerette
Pâquerette, pâquerette,
Il y a des gouttes d’eau
Sur ta collerette
Et tu plies un peu le dos…
Pâquerette, pâquerette,
Le beau soleil printanier
Viendra-t-il les essuyer ?
Pâquerette, pâquerette,
Qui souris près du sentier,
Je te le souhaite…
Pâquerette, pâquerette,
Il y a sur ton cœur d’or
Un frelon en fête ;
Tant il est ivre qu’il dort !
Pâquerette, pâquerette,
L’aile du vent printanier
Va-t-elle le balayer ?
Pâquerette, pâquerette,
Qui rêves près du sentier,
Je te le souhaite.
Philéas Lebesgue (1869-1958)
32. Pierre Menanteau
(1895-1992), est un auteur de contes et un poète. Il a publié de nombreux recueils et des anthologies de poésie française, pour les enfants en particulier.
Renouveau
Du mois d’avril au mois de mai
La terre se fait plus gentille.
Un joli temps de jeune fille,
tire l’aiguille, prend le dé.
Parfois un bel arc irisé
Pavoise l’averse qui brille.
Du mois d’avril au mois de mai
La terre se fait plus gentille.
La violette est dans le pré.
Dans la clairière, la jonquille
Sous l’arbre en espoir de famille
On entend le merle chanter
Du mois d’avril au mois de mai
Pierre Menanteau
33. Gérard de Nerval
(1808-1855)
Avril
Déjà les beaux jours, la poussière,
Un ciel d'azur et de lumière,
Les murs enflammés, les longs soirs ;
Et rien de vert : à peine encore
Un reflet rougeâtre décore
Les grands arbres aux rameaux noirs !
Ce beau temps me pèse et m'ennuie.
Ce n'est qu'après des jours de pluie
Que doit surgir, en un tableau,
Le printemps verdissant et rose,
Comme une nymphe fraîche éclose
Qui, souriante, sort de l'eau.
Gérard de Nerval ("Odelettes")
34. Charles d'Orléans
(1391-1465)
Le Printemps
(parfois titré «Rondeau», du nom du recueil)
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie
Et s'est vêtu de broderies,
De soleil luisant, clair et beau
Il n'y a bête, ni oiseau
Qu'en son langage ne chante ou crie
Le temps a laissé son manteau
De vent de froidure et de pluie
Rivières, fontaines et ruisseaux
Portent en livrée jolie
Gouttes d'argent, d'orfèvrerie
Chacun s'habille de nouveau
Charles d'Orléans ("Rondeaux", poèmes écrits vers l'année 1450)
texte d'origine, en ancien français :
Le Printemps
Le temps a laissié son manteau
de vent, de froidure et de pluye,
Et s'est vestu de brouderie
De soleil luyant, cler et beau.
Il n'y a beste, ne oyseau,
Qu'en son jargon ne chante ou crie :
Le temps a laissié son manteau!
Rivière, fontaine et ruisseau
Portent, en livrée jolie,
Gouttes d'argent, d'orfavrerie,
Chascun s'abille de nouveau:
Le temps a laissié son manteau
Charles d'Orléans ("Rondeaux")
Autre poésie du même auteur sur le thème du retour du printemps :
Montrez bien, Printemps gracieux
Montrez bien, Printemps gracieux,
De quel métier vous savez vous servir,
Car Hiver se fait seul ennuyeux,
Et vous le faites réjouir.
Aussitôt qu'il vous voit venir,
Lui et sa méchante retenue
Sont contraints et prêt de fuir
À votre joyeuse venue.
Hiver rend champs et arbres vieux,
Leurs barbes de neige blanchir,
Et est si froid, sale et pluvieux
Qu'après le feu vient croupir ;
On ne peut hors des toits sortir
Comme un oiseau qui se mue.
Mais vous faites tout rajeunir
À votre joyeuse venue.
Hiver fuit le soleil dans les cieux
Du manteau des nues couvrir ;
Or maintenant, loué soit Dieux,
Vous êtes venu éclaircir
Toutes choses à embellir.
Hiver a sa peine perdue,
Car l'an nouveau l'a fait bannir
À votre joyeuse venue.
Charles d'Orléans ("Rondeaux")
texte original :
Bien moustrez, Printemps gracieux
Bien moustrez, Printemps gracieux,
De quel mestier savez servir,
Car Yver fait cueurs ennuieux,
Et vous les faictes resjouir.
Si tost comme il vous voit venir,
Lui et sa meschant retenue
Sont contrains et prestz de fuir
A vostre joyeuse venue.
Yver fait champs et arbres vieulx,
Leurs barbes de neige blanchir,
Et est si froit, ort et pluieux
Qu'emprés le feu couvient croupir ;
On ne peut hors des huis yssir
Comme un oisel qui est en mue.
Mais vous faittes tout rajeunir
A vostre joyeuse venue.
Yver fait le souleil es cieulx
Du mantel des nues couvrir :
Or maintenant, loué soit Dieux,
Vous estes venu esclersir
Toutes choses et embellir.
Yver a sa peine perdue,
Car l'an nouvel l'a fait bannir
A vostre joyeuse venue.
Charles d'Orléans
Et puis ce poème , pour un peu plus tard :
Ballade du premier jour de mai
Trop longtemps vous vois sommeillier,
Monsieur, en deuil et déplaisir.
Veuilliez vous ce jour éveiller !
Allons au bois le mai cueillir
Pour la coutume maintenir !
Nous orrons des oyseaux le glay 1
Dont ils font les bois retentir
Ce premier jour du mois de mai.
Le Dieu d'Amour est coutumier
À ce jour de fête tenir
Pour amoureux cœurs festoyer
Qui désirent le servir.
Pour ce fait les arbres couvrir
De fleurs et les champs de vert gai
Pour la fête plus embellir
Ce premier jour du mois de mai.
Bien sais, mon cœur, que faux danger
Vous fait maintes peines souffrir,
Car il vous fait trop éloigner
Celle qui est votre désir.
Mieux conseiller je ne vous sais
Pour votre douleur amoindrir
Ce premier jour du mois de mai.
Ma dame, mon seul souvenir
En cent jours je n’aurai loisir
De vous raconter tout au vrai
Le mal qui tient mon coeur martyr
Ce premier jour du mois de mai ...
Charles d'Orléans ("Rondeaux")
texte original :
Balade
(orthographe de l'ancien français pour "ballade")
Trop longtemps vous voy sommeillier,
Mon cueur, en dueil et desplaisir;
Vueilliez vous ce jour esveillier,
Alons au bois le May cueillir,
Pour la coustume maintenir.
Nous orrons des oyseaulx le glay,
Dont ilz font les bois retentir,
Ce premier jour du mois de May,
Le Dieu d'amours est coustumier,
A ce jour, de feste tenir,
Pour amoureux cueurs festier
Qui desirent de le servir;
Pour ce, fait les arbres couvrir
De fleurs, et les champs de vert gay;
Pour la feste plus embellir,
Ce premier jour du mois de May.
Bien scay, mon cueur, que faulx Dangier
Vous fait mainte paine souffrir;
Car il vous fait trop eslongner
Celle qui est vostre desir;
Pourtant vous fault esbat querir;
Mieux conseiller, je ne vous scay,
Pour vostre doleur amendrir,
Ce premier jour du mois de May.
L'envoy
Ma Dame, mon seul souvenir,
En cent jours n'auroye loisir
De vous raconter, tout au vray,
Le mal qui tient mon cueur martir,
Ce premier jour du mois de May.
Charles d'Orléans
35. Henri Pourrat
(1887-1959)
Écrivain prolifique et poète, Henri Pourrat est l'auteur de Gaspard des montagnes (1931) et de l'oeuvre monumentale Le Trésor des contes (édité en 1961). Il a obtenu le Prix Goncourt en 1941, pour Vent de mars.
Au royaume du vert
Le beau temps est venu,
Aussi la violette.
Le vent d'avril ronfle dans l'arbre nu
Et le soleil vous étourdit la tête.
Ce soleil et ce vent volent sur les chemins
Par toute la montagne,
Et des nuages blancs arrivés de Limagne (1)
Traînent vite leur ombre au-dessus des campagnes,
Tous à la queue-leu-leu dans le bleu du matin.
Ouvre tout grand, ouvre dans les chambrettes,
Qu'on voie le vent gonfler les rideaux de coton.
Et puis ie sors. Passe-moi mon bâton
La fleur éclôt, c'est la fête aux fleurettes,
L'herbe verdoie, c'est la fête à l'herbette,
Fête du vert de par tout le canton,
Au pré pour le mouton,
Au ciel pour l'alouette,
Faisons-nous tous de fête,
Verduron, verdurette,
Et verduron, don don.
(1) La région où a vécu l'auteur
Henri Pourrat
36. Jacques Prévert
1900-1977), poète surréaliste à ses débuts, ami entre-autres de Raymond Queneau, s'éloignera de ce mouvement pour une poésie "populaire", frondeuse, parfois très caustique à l'endroit des corps constitués : l'Armée, l'Église, les institutions ...
Une grande partie de son œuvre poétique, en prose ou en vers libres, est accessible aux plus jeunes, avec des textes pleins d'humour et d'humanité, petites saynètes du quotidien.
Jacques Prévert est très présent dans les cahiers de récitation ("Paroles" - 1945, est un des recueils de poésie les plus vendus et les plus traduits) ...
Voici le long poème qui ouvre le recueil «Grand bal du printemps».
Présenté dans son intégralité, nous en avons différencié (couleurs) trois passages, qui bien que consécutifs dans le texte original, peuvent constituer pour la classe, trois poèmes différents, chacun ayant sa cohérence.
Grand bal du printemps
(titre du recueil )(1)
Le temps du printemps (2)
Dans les eaux brèves de l'aurore
où les nouvelles lunes et les derniers soleils
A tour de rôle
viennent se baigner
Une minute de printemps
dure souvent plus longtemps
qu'une heure de décembre
une semaine d'octobre
une année de juillet
un mois de février
Nomades de toujours et d'après et d'avant
le souvenir du cœur
et la mémoire du sang
voyagent sans papiers et sans calendriers
complètement étrangers
à la Nation du Temps.
Chaque année
chaque nouvelle saison souhaite la fête à la ville
et chacune en son temps chacune à sa manière
l’hiver après l’automne l’automne après l’été
Mais on dirait
que le Printemps
lui
ne souhaite à Paris que son anniversaire
la fête de sa jeunesse délivrée de tous liens
Et Paris
qui n’aime guère dans le fond les grandes fêtes officielles
les grandes insolations et commémorations
ni les sanglots trop longs
et qui ne participe qu’avec la plus souveraine
indifférence à ces grandes réjouissances
quand on présente devant l’Arc de Triomphe
les armes à la souffrance
et
que le soleil astique les cuivres pour rendre sur
l’Esplanade
la fanfare plus martiale
Paris est fou de joie
quand arrive le Printemps
C’est son enfant naturel
son préféré
et Paris écrit son nom sur les murs
Grand Bal de Printemps comme un cœur sur un arbre
sur la pierre c’est gravé
Grand bal de Printemps (2)
Printemps de l’école primaire
toujours premier en classe
à parler des vacances
toujours prêt à rompre la glace
mais jamais à rompre des lances
Grand Bal de Printemps
la musique de son nom
à toutes les lèvres est suspendue
Comme un jardin perdu qu’on vient de retrouver
encore plus beau qu’avant
Et encore plus vivant
Grand Bal de Printemps
Cet air court les ruisseaux et les rues de la ville
c’est le refrain du sang de ses veines populaires
le sang de ses plus vraies artères
Printemps (2)
Toutes ses promesses sont des fêtes
la nuit la belle étoile
pour lui et ceux qui couchent dehors
se fait plus belle encore
Et ce n’est pas sa faute
si les ponts sont trop chers
la vie toujours plus dure
le bonheur plus précaire
Toutes ses promesses sont des fêtes
Il n’est pas responsable du reste.
(1) Le poème n'a pas de titre dans le recueil, le titre général proposé, "Grand bal du printemps", est celui du recueil.
(2) «Le temps du printemps», «Grand bal de* Printemps» et "Printemps" sont des titres proposés pour isoler sous forme de poèmes des passages choisis de ce texte.
* «Grand bal de printemps» plutôt que «du» printemps, en écho aux vers
de ce passage.
Jacques Prévert ("Grand bal du printemps" - La Guilde du Livre, Lausanne 1951)
Également publié dans les Oeuvres complètes de Jacques Prévert, tome 1 - éditions Gallimard, La Pléiade ; et disponible en édition de poche Folio/Gallimard, 1976, suivi de "Charmes de Londres".
37. Pierre Reverdy
(1889-1960)
Sur un petit air
Le coeur vole vole vole
Dans les tourbillons du vent
Le coeur vole vole vole
Dans les rayons du printemps.
Le coeur vole vole vole
Dans la cage des amants
Le coeur vole vole vole
Dans l'orage et les tourments.
Puis se pose pose pose
Se pose bien sagement
Puis se pose pose pose
Entre les bras d'un enfant.
Pierre Reverdy
38. Raymond Richard
Printemps
Les petits poings
Des bourgeons bruns
Dans la lumière
Ouvrent leurs doigts
Verts, verts, verts, verts ...
Au bout des branches
Les marronniers fleuris
Allument leurs bougies
Roses et blanches.
Les fleurs candides
Des cerisiers
Les aubépines
Dans les prés
Font une ronde folle et blanche
Blanche, blanche, blanche, blanche
Raymond Richard
Giboulées
La pluie éparpille un bouquet
De perles tièdes et légères.
On entend chanter les bergères
Et les oiseaux dans les bosquets.
Le soleil joue à cache cache
Avec les gros nuages gris.
Les moutons blancs, les veaux, les vaches,
Dans les près semblent tout surpris !
Et voici que parmi l'ondée,
Comme du fond d'un vrai pastel,
On voit monter, arche irisée,
Le pont joyeux d'un arc-en-ciel.
Raymond Richard ("À petits pas" - Editions du Cep Beaujolais)
39. Pierre de Ronsard
(1524-1585)
"Prince des poètes" (surnom donné à Paul Fort bien plus tard), Pierre de Ronsard a beaucoup écrit sur l'amour de sa "mignonne" et sur le temps qui passe.
Cette poésie des quatre saisons du cœur commence aussi par le printemps :
Le printemps
Le printemps n'a point tant de fleurs,
L'autonne tant de raisins meurs,
L'esté tant de chaleurs halées,
L'yuer tant de froides gelées,
Ny la mer n'a tant de poissons,
Ny la Beauce tant de moissons,
Ny la Bretaigne tant d'arenes,
Ny l'Auuergne tant de fonteines,
Ny la nuict tant de clairs flambeaux,
Ny les forests tant de rameaux,
Que ie porte au coeur, ma maitresse,
Pour vous de peine et de tristesse.
en français moderne :
Le printemps n'a point tant de fleurs,
L'automne tant de raisins mûrs,
L'été tant de chaleurs halées,
L'hiver tant de froides gelées,
Ni la mer a tant de poissons,
Ni la Beauce tant de moissons,
Ni la Bretagne tant d'arènes,
Ni l'Auvergne tant de fontaines,
Ni la nuit tant de clairs flambeaux,
Ni les forêts tant de rameaux,
Que je porte au cœur, ma maîtresse,
Pour vous de peine et de tristesse.
Pierre de Ronsard ("Les Amours")
40. Jean-Antoine Roucher
(1745-1794)
Voici le début , avec le mois de mars, du très long poème Les Mois, avec l'orthographe originale ("printems", "nèges" ...)
Mars
Grossis par le torrent des nèges écoulées,
Les fleuves vagabonds roulent dans les vallées ;
Et les rochers de glace aux Alpes suspendus,
Sous un ciel plus propice amollis et fondus,
Se changent en vapeurs, et pèsent sur nos têtes.
La mer gronde ; les vents précurseurs des tempêtes
Courent d’un pôle à l’autre, et tourmentant les flots,
Entourent de la mort les pâles matelots.
Mais du joug de l’hyver la terre enfin se lasse :
La terre, trop long-temps captive sous la glace,
Lève ses tristes yeux vers le père des mois,
Et frissonnante encor remplit l’air de sa voix.
Dispensateur du jour, brillant flambeau du monde ;
Des vapeurs, des brouillards perce la nuit immonde ;
Impose un long silence aux aquilons jaloux,
Et rens à mes soupirs le printems mon époux.
(...)
Jean-Antoine Roucher ("Les Mois", poème en douze chants)
41. Claude Roy
Le Printemps
Après tout ce blanc vient le vert,
Le printemps vient après l’hiver.
Après le grand froid le soleil,
Après la neige vient le nid ,
Après le noir vient le réveil,
L’ histoire n’est jamais finie.
Après tout ce blanc vient le vert,
Le printemps vient après l’hiver,
Et après la pluie le beau temps.
Claude Roy ("Farandoles et fariboles")
42. Albert Samain
(1858-1900)
La dame de printemps
Ses longs cheveux d’aurore ogivant son front lisse,
la dame de printemps, en un songe éternel,
au bord du lac où sonnent les cors d’Avenel
mire les fleurs de sa robe de haute lisse.
Parmi l’avril épars, et les tièdes délices,
limpide, elle sourit à l’azur fraternel.
Ses yeux ont la couleur du lac originel,
et son corps se balance au rythme des calices.
L’étendard bleu frissonne au vent sur les tourelles :
or le doux mal qui chante au coeur des tourterelles
en son coeur berce un rêve ineffable à saisir.
C’est la langueur d’aimer qui brame sur la berge,
et de ses longues mains, elle flatte, la vierge,
à ses pieds allongé son tigre, le désir.
Albert Samain ("Le Chariot d’or")
43. Georges Schehadé
(1910-1989), est un poète libanais d'expression française.
Voici un texte décalé sur le printemps :
Le jardin se chausse de persil
Le jardin se chausse de persil
Ce blond soleil est plein de glu;
Dans la forêt du Brésil
Les singes se fardent le cul.
Peux-tu, mon coeur, croire à l'épreuve
Après pareil renouveau ?
Les villages ont des tuiles neuves,
Les chiens aboient en morceaux.
Georges Schehadé ("Rodogune Sinne et L’Écolier Sultan" Gallimard 1973)
44. Sully Prudhomme
(1839–1907) a publié Stances et poèmes en 1865. Ce recueil contient notamment le poème le plus connu de l'auteur : Le vase brisé, et ce joli texte de printemps.
Printemps oublié
Ce beau printemps qui vient de naître
A peine goûté va finir ;
Nul de nous n'en fera connaître
La grâce aux peuples à venir.
Nous n'osons plus parler des roses :
Quand nous les chantons, on en rit ;
Car des plus adorables choses
Le culte est si vieux qu'il périt.
Les premiers amants de la terre
Ont célébré Mai sans retour,
Et les derniers doivent se taire,
Plus nouveaux que leur propre amour.
Rien de cette saison fragile
Ne sera sauvé dans nos vers,
Et les cytises de Virgile
Ont embaumé tout l'univers.
Ah ! frustrés par les anciens hommes,
Nous sentons le regret jaloux
Qu'ils aient été ce que nous sommes,
Qu'ils aient eu nos cœurs avant nous.
René-François Sully Prudhomme ("Stances et poèmes")
45. Émile Verhaeren
(1855-1916)
C'est la première strophe du poème qui est généralement proposée aux élèves :
Tout ce qui vit autour de nous
Tout ce qui vit autour de nous,
Sous la douce et fragile lumière,
Herbes frêles, rameaux tendres, roses trémières,
Et l'ombre qui les frôle et le vent qui les noue,
Et les chantants et sautillants oiseaux
Qui follement s'essaiment,
Comme des grappes de joyaux
Dans le soleil,
Tout ce qui vit au beau jardin vermeil,
Ingénument, nous aime ;
Et nous,
Nous aimons tout.
Nous adorons le lys que nous voyons grandir
Et les hauts tournesols plus clairs que le Nadir
- Cercles environnés de pétales de flammes -
Brûlent, à travers leur ardeur, nos âmes.
Les fleurs les plus simples, les phlox et les lilas,
Au long des murs, parmi les pariétaires,
Croissent, pour être proches de nos pas ;
Et les herbes involontaires,
Dans le gazon où nous avons passé,
Ouvrent les yeux mouillés de leur rosée.
Et nous vivons ainsi avec les fleurs et l'herbe,
Simples et purs, ardents et exaltés,
Perdus dans notre amour, comme dans l'or, les gerbes.
Et fièrement, laissant l'impérieux été
Trouer et traverser de ses pleines clartés
Nos chairs, nos coeurs, et nos deux volontés.
Émile Verhaeren ("Les heures d'après-midi " - éditions du Mercure de France)
Le printemps jeune et bénévole
Le printemps jeune et bénévole
Qui vêt le jardin de beauté
Élucide nos voix et nos paroles
Et les trempe dans sa limpidité.
La brise et les lèvres des feuilles
Babillent, et lentement effeuillent
En nous les syllabes de leur clarté.
Mais le meilleur de nous se gare
Et fuit les mots matériels ;
Un simple et doux élan muet
Mieux que tout verbe amarre.
Émile Verhaeren (1855-1916) ("Les heures claires")
46. Paul Verlaine
(1844-1896)
Green
Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches,
Et puis voici mon coeur, qui ne bat que pour vous.
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux.
J'arrive tout couvert encore de rosée
Que le vent du matin vient glacer à mon front.
Souffrez que ma fatigue, à vos pieds reposée,
Rêve des chers instants qui la délasseront.
Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête
Toute sonore encor de vos derniers baisers ;
Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête,
Et que je dorme un peu puisque vous reposez.
Paul Verlaine
Impression de printemps
Il est des jours - avez-vous remarqué ? -
Où l'on se sent plus léger qu'un oiseau,
Plus jeune qu'un enfant, et, vrai ! plus gai
Que la même gaieté d'un damoiseau.
L'on se souvient sans bien se rappeler ...
Évidemment l'on rêve, et non, pourtant.
L'on semble nager et l'on croirait voler.
L'on aime ardemment sans amour cependant
Tant est léger le cœur sous le ciel clair
Et tant l'on va, sûr de soi, plein de foi
Dans les autres, que l'on trompe avec l'air
D'être plutôt trompé gentiment, soi.
La vie est bonne et l'on voudrait mourir,
Bien que n'ayant pas peur du lendemain,
Un désir indécis s'en vient fleurir,
Dirait-on, au cœur plus et moins qu'humain.
Hélas ! faut-il que meure ce bonheur ?
Meurent plutôt la vie et son tourment !
Ô dieux cléments, gardez-moi du malheur
D'à jamais perdre un moment si charmant.
Paul Verlaine
CHANSONS
47. Jacques Brel
Au printemps
Au printemps au printemps
Et mon cœur et ton cœur
Sont repeints au vin blanc
Au printemps au printemps
Les amants vont prier
Notre-Dame du bon temps
Au printemps
Pour une fleur un sourire un serment
Pour l'ombre d'un regard en riant
Toutes les filles
Vous donneront leurs baisers
Puis tous leurs espoirs
Vois tous ces cœurs
Comme des artichauts
Qui s'effeuillent en battant
Pour s'offrir aux badauds
Vois tous ces cœurs
Comme de gentils mégots
Qui s'enflamment en riant
Pour les filles du métro
Au printemps au printemps
Et mon cœur et ton cœur
Sont repeints au vin blanc
Au printemps au printemps
Les amants vont prier
Notre-Dame du bon temps
Au printemps
Pour une fleur un sourire un serment
Pour l'ombre d'un regard en riant
Tout Paris
Se changera en baisers
Parfois même en grand soir
Vois tout Paris
Se change en pâturage
Pour troupeaux d'amoureux
Aux bergères peu sages
Vois tout Paris
Joue la fête au village
Pour bénir au soleil
Ces nouveaux mariages
Au printemps au printemps
Et mon cœur et ton cœur
Sont repeints au vin blanc
Au printemps au printemps
Les amants vont prier
Notre-Dame du bon temps
Au printemps
Pour une fleur un sourire un serment
Pour l'ombre d'un regard en riant
Toute la Terre
Se changera en baisers
Qui parleront d'espoir
Vois ce miracle
Car c'est bien le dernier
Qui s'offre encore à nous
Sans avoir à l'appeler
Vois ce miracle
Qui devait arriver
C'est la première chance
La seule de l'année
Au printemps au printemps
Et mon cœur et ton cœur
Sont repeints au vin blanc
Au printemps au printemps
Les amants vont prier
Notre-Dame du bon temps
Au printemps
Au printemps (bis)
Jacques Brel
48. Jean Ferrat
Au printemps de quoi rêvais-tu ?
Au printemps de quoi rêvais-tu?
Vieux monde clos comme une orange,
Faites que quelque chose change,
Et l'on croisait des inconnus
Riant aux anges
Au printemps de quoi rêvais-tu?
Au printemps de quoi riais-tu?
Jeune homme bleu de l'innocence,
Tout a couleur de l'espérance,
Que l'on se batte dans la rue
Ou qu'on y danse,
Au printemps de quoi riais-tu?
Au printemps de quoi rêvais-tu?
Poing levé des vieilles batailles,
Et qui sait pour quelles semailles,
Quand la grève épousant la rue
Bat la muraille,
Au printemps de quoi rêvais-tu?
Au printemps de quoi doutais-tu?
Mon amour que rien ne rassure
Il est victoire qui ne dure,
Que le temps d'un Ave, pas plus
Ou d'un parjure,
Au printemps de quoi doutais-tu?
Au printemps de quoi rêves-tu?
D'une autre fin à la romance,
Au bout du temps qui se balance,
Un chant à peine interrompu
D'autres s'élancent,
Au printemps de quoi rêves-tu?
D'un printemps ininterrompu
Jean Ferrat
49. Léo Ferré
C'est le printemps
Y a la natur' qu'est tout en sueur
dans les hectar's y a du bonheur
c'est l'printemps
y a des lilas qu'ont mêm' plus l'temps
de s'fair' tout mauv's ou bien tout blancs
c'est l'printemps
y a du blé qui s'fait du mouron
les oiseaux eux ils dis'nt pas non
c'est l'printemps
y a nos chagrins qu'ont des couleurs
y a mêm' du printemps chez l'malheur
y a la mer qui s'prend pour Monet
ou pour Gauguin ou pour Manet
c'est l'printemps
y a des nuag's qui n'ont plus d'quoi
on dirait d'la barbe à papa
c'est l'printemps
y a l'vent du nord qu'a pris l'accent
avec Mistral il pass' son temps
c'est l'printemps
y a la pluie qu'est passée chez Dior
pour s'payer l'modèl' Soleil d'Or
y a la route qui s'fait nationale
et des fourmis qui s'font la malle
c'est l'printemps
y a d'la luzerne au fond des lits
et puis l'faucheur qui lui sourit
c'est l'printemps
y a des souris qui s'font les dents
sur les matous par conséquent
c'est l'printemps
y a des voix d'or dans un seul cri
c'est la Sixtin' qui sort la nuit...
y a la natur' qui s'tape un bol
à la santé du rossignol
c'est l'printemps
y a l'beaujolais qui la ramène
et Mimi qui s'prend pour Carmen
c'est l'printemps
y a l'îl' Saint-Louis qui rentre en Seine
et puis Paris qui s'y promène
c'est l'printemps
y a l'été qui s'point' dans la rue
et des ballots qui n'ont pas vu
Qu' c'était l'printemps ...
Léo Ferré
50. IAM
Revoir un printemps
Refrain :
Comme quoi la vie finalement nous a tous embarqués,
J'en place une pour les bouts de choux, fraîchement débarqués
A croire que jusqu'à présent, en hiver on vivait
Vu qu'c'est le printemps, à chaque fois que leurs sourires apparaissent
Je revois le mien en extase, premier jouet téléguidé
Déguisé en cosmonaute, souhait presque réalisé, instant sacralisé
Trésor de mon coeur jamais épuisé, pour mon âme apaisante, Alizée.
Akhenaton :
Revoir le rayon d'lumière, transpercer les nuages,
Après la pluie, la chaleur étouffante assécher la tuile
Revoir encore une fois, l'croissant lunaire embraser la nuit
Embrasser mes anges, quand l'soleil s'noie
Faire du sommeil une terre vierge, converser dehors sous les
Cierges, revoir son sourire au lever quand j'émerge, sur
Au-delà des turpitudes, des dures habitudes de l'hiver
Peut être mon enveloppe de môme, abrite un coeur d'Gulliver
Revoir les trésors naturels de l'univers, douce ballerine
L'hirondelle fonde son nid dans mes songes, sublime galerie
A ciel ouvert, les djouns rampent à couvert, nous à l'air libre
Mais les pierres horribles, cachent souvent des gemmes superbes
Sous le couvercle
Revoir la terre s'ouvrir, dévoiler la mer
Solitaire dans la chambre, sous la lumière qu'les volets lacèrent
Impatient de l'attendre, c'printemps en décembre, en laissant
Ces mots dans les cendres, de ces années amères
(Refrain)
Freeman :
La patience est un arbre, dont la racine est amère et l'fruit doux
J'aimerais revoir mes premiers pas, mes premiers rendez vous
Quand j'pensais, qu'la vie, pouvait rien nous offrir, à part des sous
Maintenant j'sais qu'ça s'résume pas à ça, et qu'c'est un tout,
L'tout est d'savoir, voir, penser, avancer, foncer
On sait qu'le temps, dans c'monde n'est pas notre allié
J'aimerais revoir, l'instant unique, qu'a fait d'moi un père
Un homme, un mari, on m'aurait dit ça avant, j'aurais pas t'nu l'pari
Normal dans mon coeur, y avait la tempête, les pression et l'orage
Et pas beaucoup d'monde qui pouvait supporter cette rage
J'aimerais revoir, ces pages, où on apprenait la vie, sans dérapage
L'partage d'l'évolution, à qui j'rends hommage, loin des typhons
J'aimerais revoir, l'premier sourire, d'mon fiston, mon coeur
D'puis c'jour là, j'me sens fier, c'beau gosse, c'est ma grandeur
Un printemps éternel, une source intarissable, plein d'couleurs
C'est l'jardin d'Eden, qui m'protège d'mes douleurs,
Shurik'n :
Revoir l'époque où y avait qu'des pelés sur le goudron s'arrachant
Autant de printemps répondant à l'appel d'un air innocent
Moins pressé d'aller à l'école pour les cours que pour les potes
S'y trouvant revoir les parties de bille sous le préau se faisant avec acharnement
Tendre moment jalousement gardé comme tous
Avènement d'une jeune pousse que l'on couvre d'amour…..
Pour que rien ne salisse mille fleurs jaillissent
Dès que son sourire m'éclabousse ça m'électrise cette
Racine va devenir chêne massif sève de métisse
Annonçant le renouveau le retour de mes printemps
A travers les siens et construire les siens pour que un jour
Il puisse les revivre à son tour
Comme volant à mon secours ces graines fleurissent
Dans ma tête quand la grisaille
Persiste mur d'images refoulant mes tempêtes
Voir un printemps superbe à nouveau fleurir
(Refrain)
source de ce texte : http://www.paroles.net/
IAM (2003)
51. Félix Leclerc
L'hymne au printemps
Les blés sont mûrs et la terre est mouillée
Les grands labours dorment sous la gelée
L'oiseau si beau, hier, s'est envolé
La porte est close sur le jardin fané...
Comme un vieux râteau oublié
Sous la neige je vais hiverner
Photos d'enfants qui courent dans les champs
Seront mes seules joies pour passer le temps
Mes cabanes d'oiseaux sont vidées
Le vent pleure dans ma cheminée
Mais dans mon cœur je m'en vais composer
L'hymne au printemps pour celle qui m'a quitté
Quand mon amie viendra par la rivière
Au mois de mai, après le dur hiver
Je sortirai, bras nus, dans la lumière
Et lui dirai le salut de la terre...
Vois, les fleurs ont recommencé
Dans l'étable crient les nouveau-nés
Viens voir la vieille barrière rouillée
Endimanchée de toiles d'araignée
Les bourgeons sortent de la mort
Papillons ont des manteaux d'or
Près du ruisseau sont alignées les fées
Et les crapauds chantent la liberté
Et les crapauds chantent la liberté ...
Félix Leclerc
Premier sourire du printemps dans le Vexin français en fin d'après-midi
(photo lieucommun)
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